The Mouths Of Madness – Orchid (2013)

Il faudra attendre le deuxième album d’Orchid pour faire littéralement exploser tout le potentiel qui suintait littéralement de son premier coup d’essai  »Capricorn ». Ce disque les avait révélés au grand jour le groupe de San Francisco comme un solide artisan d’un Hard Rock passionné et exigeant, mais dont les influences, tournée vers l’âge d’or du Rock, n’étaient pas pleinement digérées. En résultait un premier opus excitant mais confus, le groupe cherchant encore sa voie/voix. L’essai fut rapidement suivi d’un album Live Capricorn, the Zodiac sessions faisait étalage de leur qualités scéniques et d’une énergie électrifiante certaine. Dans la foulée, presque sans crier gare sortait ce The mouths of Madness, véritable déclaration de guerre et Graal suprême de tous les fondus de rock 70’s bien heavy et bien évidement aux fans de Black Sabbath

Car oui, Orchid ne s’en cache pas, il s’érige sans complexes en digne héritier du groupe mythique. Difficile d’ailleurs de ne pas songer quelques secondes en écoutant  » Wizard Of War  » à la dynamique de Paranoid, ou à l’intro de War Pigs en écoutant  » Marching Dogs Of War « . Les ressemblances entre les deux sont d’ailleurs légion, et l’on pourrait passer des plombes à les énumérer, mais ce serait passer à côté du plaisir indéniable que procure cette galette.  Orchid n’est pas un simple groupe de fans qui imitent leur idole, c’est aussi des putain de musicien et un vocaliste d’enfer qui maîtrisent à merveille leur sujet. Faire comme machin, c’est bien, offrir du neuf avec du vieux c’est mieux et sur ce point là les mecs assurent à mort.  Interprétation au pil et une section rythmique d’une force de frappe surprenante, le disque réussit le miracle de ressusciter l’esprit même du son Rock 70’s (Led Zeppelin non plus ne sont pas très loin). Il faudra chercher la raison du côté de la production, confiée aux bons soins de Richard Whittaker qui s’est aussi occupé des ressorties remastérisées de…. Black Sabbath et Thin Lizzy. Ben oué. Fort de cet apport d’exception, le groupe déploie toute sa puissance de  feu en une une palanquée de titres exquis et sans aucun temps mort ou le riff est sec et sans concessions. Du bon son, comme on l’aime et qui place d’emblée Orchid dans le rang des groupes à suivre assurément.  

Kavinsky – Outrun (2013)



J’attendais avec impatience le  »vrai » album de Kavinsky après avoir adoré ses 4 précédents LP’s sortis entre 2006 et 2011, alors vous comprendrez mon excitation lorsque sortit enfin  »Outrun », Ze début album. Cet artiste français, de son vrai nom Vincent Belorgey , à attiré l’attention des critiques et du public avec un univers propre à lui, ancré dans une pop culture 80’s et des sonorités au synthé qui ont fait le bonheur d’un grand nombre de nostalgiques d’une certaine ère révolue. La consécration s’est faite avec  »Night Call », figurant sur la bande annonce de Drive. Mais point d’album jusque là.

Dans son premier album studio, Kavinsky nous replonge dans l’histoire de son héros, le Dead Crusier et de sa quête mystiques sur les highways américains à bord de sa testarossa rouge. Nous aurons même en intro, une explication en voix-off de son origine pour ceux qui ne connaissent pas. Puis, une première surprise en constatant que sur les 13 tracks, 4 sont déjà présents dans ses derniers Ep’s dont le fameux Nightcall. Et là on commence à se demander s’il ne se serait pas foutu de nous un petit peu quand même le Kavinsky. On veut bien réviser nos classiques, mais pas qu’on nous les réchauffe sur un  »nouvel album ». Une paresse en tout cas qui mine un peu le plaisir des retrouvailles avec l’artiste. 

La deuxième surprise étant de retrouver la patte de SebastiAn sur la totalité des titres. Ce n’est pas un secret pour personne, ce dernier à toujours été un fidèle collaborateur de Kavisnky, par la production aussi bien que par les remixes de ses titres. Pourtant, à l’écoute de l’album, l’impression est celle d’être plus en face d’un album de SebastiAn que de Kavisnky. Très peu de sa marque de fabrique subsistent, spécialement le côté profondément kitch ancré 80’s, impression renforcée par la pochette qui se révèle finalement être une fausse promesse. La musique reste cependant assez immersive et très cinématographique, même avec la collaboration de  »voix » sur plusieurs morceaux. Cette dernière idée reste à mon avis très discutable au vu du résultat qui n’évite pas quelques fautes de mauvais goût: 
 »Blizzard » s’embourbe dans une répétition qui devient agaçante à la longue, plombé par un effet électro sur la voix qui a vite fait de venir à bout des tympans les plus patients.  »Suburbia » quant à lui, morceau rappé et son lot de  »Fuck ya Twitter, fuck ya Facebook » fait tâche au milieu d’une collection de titres qui autrement plus de classe. 

En définitive  »Outrun » divisera probablement les fans de la première heure Kavinsky, avec un constat assez mitigé. Même si le disque est certainement d’une excellente qualité qui offrira un plaisir assuré à l’écoute, il n’est tout de même pas exempt de petits défauts qui gâchent le plaisir. 

Beady Eye – Be (2013)

Il y a une raison pour laquelle Liam Gallagher n’a pas souhaité appeler son nouveau groupe, celui d’après la séparation, OASIS 2.0: C’est qu’il ne voulait absolument plus rien à voir avec ce groupe-là musicalement. Different Gear, Still Speading sorti en 2011 l’avait bien montré, Be, sorti en 2013 le confirme: Beady Eye ne joue clairement pas dans la même catégorie que son prédécesseur et n’y aspire résolument pas. 


D’emblée, Be annonce la couleur. Nous y retrouverons tous ce que nous avons aimé (ou pas) dans le premier opus. Du Swag et de la Brit période 60’s, période revendiquée totalement par le maitre de chantier Liam et dans laquelle il se plait visiblement. On se souvient encore de l’ombre de john Lennon qui planait avec insistance sur son album précédent, celui des Beatles n’est pas non plus très loin ici: cuivres, gros arrangements, guitare fuzzy… On pourra tout reprocher à Liam, mais il faut lui reconnaître le mérite de n’avoir jamais capitalisé sur la vague d’Oasis ni d’avoir essayé de perpétuer un certain style de musique, une contrefaçon grossière, là ou finalement tout le monde l’attendait. 

La bonne nouvelle ici, c’est que BE bénéficie d’une meilleure qualité de production, classe et élégante signant la première collaboration du groupe avec Dave Sitek, producteur entre autre des Yeah Yeah Yeahs. Le groupe est aussi plus concentré et moins dispersé que sur le précédent disque avec 11 titres contre 13 pour le dernier. On y retrouve un Liam visiblement plus apaisé et en paix avec lui même, qui n’affiche plus cette insolence désinvolte qui fit les beaux jours des tabloïds anglais. A bien écouter les paroles, on peut même u surprendre quelques messages discrets à son aîné :  »I’ll call tomorrow, maybe you’ll understand… » paroles qui pourront sonner aux yeux des conspirationnistes comme un aveu de culpabilité et une volonté de reformation (pour les 20 ans de Definitely Maybe?). Peut-être… 

la mauvaise nouvelle c’est que ce que le groupe gagne en qualité, il le perd en consistance. Si beaucoup de personnes, dont votre serviteur, avaient critiqué le manque d’homogénéité dans les titres du précédent album ainsi que du déséquilibre entre de très bons titres et d’autres beaucoup plus anecdotiques, le constat sur ce BE est beaucoup moins mitigé: la totalité des titres de cet album s’égrènent sans qu’il n’y en ait aucun qui sorte du lot, ni qui attire vraiment la peine. Si Liam est on ne peut plus présent par sa voix, les autres membres du groupe eux sont totalement absents. Le constant le plus flagrant étant celui du très sous-estimé Gem Archer, un guitariste au talent certain qui arrivait à imprimer sa patte même chez Noel Gallagher. Aucune trace de sa guitare, elle se perd aux milieu d’arrangements costauds et se cantonne à de la figuration fade et très souvent indigeste. Idem pour Andy Bell, bien que ces deux derniers soient impliqués dans l’écriture des titres de l’album. Même si la comparaison est injuste, on est bien loin de  »Dont Believe The Truth »… 

Certainement, avec Be, Beady Eye ne gagnera pas de nouveaux fans et peut être même qu’il en perdra pas mal en cours de route. L’effort du Front Man Liam Gallagher est à saluer mais son album est par trop répétitif et résolument pas accrocheur, surtout sur la longueur. Une déconvenue de plus qui jette à nouveau un voile de scepticisme sur le bien fondé du départ de Liam et de l’existence même de Beady Eye, surtout dans une scène musicale actuelle ou les bonnes surprises sont assez fréquentes. 

The Quireboys – Beautiful Curse (2013)

Ma dernière découverte et mon dernier coup de coeur immédiat.
Les Quireboys sont un groupe anglais (je ne l’aurais pas deviné) qui a démarré sa carrière au milieu des années 80, grâce à Sharon Osbourne qui les avait repéré. Leur premier album  »A Bit Of What you Fancy » connut un grand succès en début des années 90’s mais comme beaucoup de groupes de l’époque ils passèrent sous le radar, balayés par la vague Grunge (qui à mon sens à vraiment fait plus de tort que de bien à la musique).

Ce dernier album recèle un grand nombre d’influences perceptibles pour le plus grand plaisir des oreilles tout au long des 12 tracks qui jalonnent le disque. Les premières notes de guitare en intro de  »Twoo much of a good thing » sonnent comme du Creedance Clearwater Revival, ça met directement dans le bain: Ce sera du bon son, du rock à l’ancienne comme on les aime avec les guitares, la batterie, le piano et l’harmonica qui jouent à l’arrière. La suite ne démérite pas, une énergie positive prend aux tripes sans en faire des tonnes  »Y’a du feeling » comme dirait un jury d’une émission de télé réalité à la con. Le tout est emmené par la voix rocailleuse du Frontman Jhonathan Gray, mélange de John Bon Jovi et de Rod Stewart qui contribue grandement à instaurer une ambiance toute particulière, surtout pour les nostalgiques d’un certain rock fm de la fin des 80’s.  Bref, tout pour plaire quoi. Vous je sais pas, mais moi j’y retourne. 

Filter – The Sun Comes Out Tonight (2013)


La bonne nouvelle c’est que  »Filter » sont de retour avec un nouveau disque. La mauvaise nouvelle c’est que j’ai écouté le disque du retour des  »Filter ». Voilà, au moins c’est clair, merci d’avoir lu cette chronique. 

Non mais bon, ça ne me fait plus plaisir que vous, ceci étant dit il faut dire les choses comme elles sont. J’ai toujours apprécié ce groupe depuis leur « Short Bus » qui a pas mal tourné sur ma platine à la belle époque. J’ai longtemps fredonné à tue tête le célèbre  »Hey Man, Nice Shot » et puis je les ai suivis (de loin) dans leur follow-up de 2002. A l’époque ils étaient de toute façon très difficiles à rater, ne serais-ce que par leurs collaborations dans des BO de films comme X-Files ou The Crow: City Of Angels. 

Et puis ils ont commencé à faire des popperies du genre  »Take a picture » et là…. 

Sur ce coup-là, on se rend très bien compte de la patte du groupe, mais pas pour les bonnes raisons. Les sonorités volontairement plus agressives dans ce disque rappellent justement  »short bus », un peu trop et en moins bien au point que ça dépasse l’inspiration pour frôler dangereusement le plagiat (l’auto-citation?). Filter glissent de nouveau dans l’indus’ et c’est une orientation bienvenue et somme toute salutaire. Mais franchement, l’inspiration n’y est pas et le tout sonne comme un mauvais Linkin Park (comment ça ils sont toujours mauvais de toute façon????). 

Richard Patrick se démène pourtant à fond, avec plus de cris, plus de tripes au chant, les guitares suivent et sonnent plus heavy, plein de Drop C, de Drop B… mais pas assez impressionnant, en tout cas pour laisser une empreinte durable dans l’inconscient de l’auditeur qui, comme moi, arborera un intérêt poli et pas plus. Le pire c’est surtout ces titres pop qui parasitent la tracklist, peut-être sensés relâcher la pression mais qui n’ont d’autre résultat que de scinder en deux un album assez schizophrène comme ça. Dommage. 

Gageons que le disque trouvera au moins un bon accueil chez la Fan Base de  »Filter » qui y retrouveront peut être ce qui à fait la réputation du groupe par le passé. Moi par contre, je préfère passer mon chemin. 


Queens Of The Stone Age – …Like Clockwork (2013)

Dans ce désert musical qui prévaut depuis deux ans, avec très peu de sorties qui valent la peine, ou pire, des sorties qui se pètent la gueule au premier virage, votre serviteur s’est tout naturellement jeté sur le dernier album des Queens Of The Stone Age avec la soif de celui qui a longtemps marché sous un soleil de plomb avec pour seuls compagnons une gourde vide et la promesse de jours Rock meilleurs.
Bien sûr je me suis vite rappelé que nous nous étions quitté fâchés, les QOTSA et moi suite à leur précédent  album, le bien nommé Era Vulgaris en  2007. Je vous raconterai ça une autre fois, mais c’était pas joli joli (On a cassé la vaisselle, quelques vases et le chien y est passé). 
Mai voilà, le fait est là. Leur dernier disque date de 6 ans, bordel! et c’est là que j’ai réalisé que les mecs m’avaient vachement manqué, même si un Side Project avait pu nous faire patienter (mais pas faire illusion). Et c’est donc dans cet état d’expectative fébrile, mais méfiante que j’ai abordé Like Clockworks
Jackpot sur toute la ligne! Malgré un premier titre assez plan-plan, j’ai été ravi de me laisser entraîner par la suite des chansons. Je ne vais non plus vous dire que les gars effectuent un grand retour, l’album affiche quand même des sonorités plus pop même s’il garde la base Rock (on est bien loin des jours du Stoner des débuts, ou les envolées désertiques et métalliques du Songs For The Deaf). Pour autant il ne perd pas en efficacité et reste un album riche et consistant avec des titres visiblement plus travaillés et plus accessibles. Une volonté consciente de toucher un plus large public? Peut-être. En tout cas, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre parce que j’y trouve mon compte. Et merde aux puristes.
Pour l’occasion, on constatera le retour de plusieurs vieux compagnons de route qui ont collaboré sur le disque tels que les habitués Dave Grohl, Trent Raznor, véritables labels de qualité si’l en faut. Le retour aussi des regrettés Mark Lanegan, Nick Oliveri et Alain Johannes (putain les mecs, le groupe n’est plus le même sans vous). Et puis encore plus surprenant, l’apparition d’une VRAIE Queen: Elton John, qu’est-ce que vous dites de ça? 
Mais il ne faut pas pour autant s’y tromper: celui qui porte bien l’album (et le groupe) sur ses épaules c’est bien Josh Homme, omniprésent sur tous les titres, sa voix chuinteuse et son phrasé claquant traversent tout l’album avec une aisance et une confiance sans pareil. Que ce soit dans les poussées rock ou dans les ballades intimistes (y’en a pas mal sur l’album) il assure à tous les niveaux. Aucune volonté de trop en faire, bien au contraire, l’album reste plutôt sage comparé à ses prédécesseurs. Il gagne cependant en cohérence ce qu’il perd en puissance et c’est la première fois depuis Songs for The Deaf que j’écoute un album entier des QOTSA de bout en bout sans discontinuer et avec un vrai plaisir.
Welcome Back les amis, welcome back! 

Device – Device [Deluxe Edition] (2013)

Tu parcours la liste des sorties albums du mois, tu te fais légèrement chier et puis tu trouves une pochette qui te botte bien portant un nom de groupe dont t’as jamais entendu parler et tu te dis : »Moué, pourquoi pas? ». Alors tu commences à écouter et tu te rends compte que finalement, t’es tombé sur un boeuf entre potes et que tu seras pas dépaysé du tout, bien joué Device
Device n’est autre que le Side Project du Frontman de Disturbed, David Draiman et de l’ex-guitariste de Filter, Geno Lenardo. Disturbed étant en phase d’Hiatus et Filter étant… heu… je sais pas ce qu’ils branlent Filter en fait… en tout cas, les deux potes n’ayant pas grand chose à branler ont entamé cette collaboration au début 2012 avec ce nom de code. Donc déjà à priori c’est que du bon.
Dès le premier Track  »You Think You Know » on se sent chez nous, en territoire connu, avec les gros riffs lourds et la voix facilement identifiable de Draiman dans un Metal qui arrache mais qui fait la part belle aux mélodies. Pourtant les deux potos ne se contentent pas de faire dans le Bis repetita, Device lorgne volontiers vers l’electro et le Metal indus, choix que je trouve totalement bienvenu et s’emboîtant tout naturellement avec ce que fait Disturbed.  
Le bonnes surprises s’enchaînent au fur et à mesure du déroulement de la playlist, autant par la qualité des compositions (bien que tout ne soit pas vraiment bon à prendre) que par l’imposante liste des Guest Stars conviés sur cet album: Geezer Butler (Black Sabbath), Glenn Hughes (Deep Purple), M. Shadows (Avenged Sevenfold), Serj Tankian (System of a Down), Tom Morello (Rage Against the Machine) and Lzzy Hale (Halestorm). Là aussi les apports de chacun sont variables en terme de pertinence, la contribution de Tom Morello  sur  »Opinion » par exemple reste parfaitement anecdotique pour moi, sa guitare s’alignant sur le son général de l’album sans plus: un comble pour une signature si particulière qu’est Morello. Pourtant, on appréciera beaucoup le côté décomplexé et totalement libéré de cette production. C’est ça qui est super avec les Side projects: c’est que tout le monde ose aller vers d’autres horizons et prendre des risques qu’il ne se serait pas permis dans son propre groupe au risque de se prendre un retour de bâton de la part de la fan base (demandez à James Kennan Mynard) et pour preuve, la reprise de  »Close My Eyes Forever » fleure bon la ballade sirupeuse digne de son titre, mais qui va bien à Draiman. 
Device concilie donc tout ce qu’on aime chez Disturbed, le metal en moins l’indus en plus avec une pléiade de Guest Stars de renom qui méritent vraiment le détour, en attendant un vrai retour de Disturbed et de vraies nouvelles de Filter

Ben Harper – Get Up! (2013)

On connait tous le penchant de Ben Harper pour les collaborations musicales avec tout ce que la scène musicale produit, du temps des Innocent Criminals aux Blind Boys of Alabama en passant par les Relentless 7. Ce penchant a toujours traduit l’envie perpétuelle d’Harper de s’émanciper des codes, des genres et des étiquettes qu’on veut bien lui coller hâtivement et ce depuis ses surprenants débuts voilà bientôt 20 ans. 
Pour les habitués à la musique de Harper, il n’est plus étonnant de le voir aujourd’hui creuser encore plus son sillon vers une oeuvre plus  »roots », mieux ancrée dans son background musical. Sa musique, même la plus accessible a toujours été un pot pourri de diverses influences touchant à presque tous les styles, du rock au funk, du blues au Gospel. D’ailleurs il n’est même pas question de parler de maturité, le fait est que Ben Harper a toujours été empreint de cette  »gravité » qui le caractérise, même dans ses productions les plus soft. 
Si l’année 2011 l’a vue renouer avec son son plus habituel (rock?) avec  »Give Til it’s Gone », il signe ici encore une fois une collaboration avec le Blues-man et harmoniciste de renom Charlie Musselwhite.  Je dis de renom, mais jusqu’à hier je n’avais jamais entendu parler du bougre. Pourtant une rapide recherche chez mon pote Wikipedia m’apprit qu’il avait roulé sa bosse avec les plus grands, Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Buddy Guy… il a aussi collaboré avec Tom Waits et les Blind Boys of Alabama (tiens donc) sans compter qu’on lui doit la BO de Black Snake Moan qui vaut tout de même beaucoup mieux que le film. Et en plus, Dan Akroyd avoue qu’il s’est inspiré de Musselwhite pour son personnage dans Blues Brothers, c’est vous dire. 
La couleur est donc annoncée sans trop de mystère, ce sera du Blues, de la guitare et de l’harmonica, de la fumée de cigarettes et par dessus le tintement des verres de Whisky. Ce Get Up! renoue par ailleurs avec la veine intimiste de  »LifeLine » ou le ton est cool et décontracté que dans un bar enfumé faiblement éclairé aux néons. Personnellement je suis très content pour Ben, il a visiblement l’air de bien s’éclater et de faire des choses qu’il aime avec des gens qu’il estime… C’est cool mec. Par contre, ce que j’aimais le plus à la base chez lui c’est son habilité à faire le compromis entre son intransigeance artistique et succès commerciaux. Sa musique avait ce don de faire l’unanimité auprès du grand public aussi bien que chez les puristes. Malheureusement comme je l’ai dit dans la critique de give till it’s gone, pour moi il n’a plus rien fait de follement excitant depuis longtemps (allez je vais être gentil: depuis White Lies For Dark Times). Get Up! est un bel exercice de style, de très bonne facture et tout ce que vous voulez. Mais ça ne m’intéresse pas. Je ne pense pas non plus que harper ait transcendé le genre, ses compositions sont typiquement bluesy avec les progressions de cordes habituelles, la guitare slide fait se fait entendre ici et là et l’harmonica accompagne bien le tout. Mais ça peine tout de même à retenir l’attention, la mienne en tout cas. 
Get Up! reste donc réservé aux fans hardcore de Ben Harper, à la limite aux amateurs de Blues et peine malheureusement à dépasser le simple exercice de style. Les autres, passez votre chemin.