Pink Floyd – Atom Heart Mother (1970)

Atom Heart Mother, le cinquième album des Pink Floyd est souvent décrié par les puristes qui le considèrent au mieux comme une oeuvre transitoire sans grand intérêt, au pire un exercice mollasson et  »bovin » d’un groupe en pleine introspection. 
Pourtant il s’agit d’un album assez important dans la mesure ou c’est celui qui clôt un cycle, celui des 60’s et l’ère définitivement psychédélique de Syd Barret (dont l’influence aura continué de hanter les orientations du groupe bien après son éviction. Et puis c’est aussi le disque qui inaugure la décennie 70’s, celle de tous les excès et tous les succès du groupe, celle qui leur fera flirter avec les sommets et entrer dans la légende grâce à un son unique qu’ils auront défini de fil en aiguille.

Personnellement j’avoue aussi que le cas Atom Heart… est  assez difficile à défendre, car au final ce sont 3 chansons médiocres coincées entre deux gros morceaux d’anthologie. Car cet album vaut avant tout pour son titre phare, placé en ouverture du disque et qui monopolise un Side à lui tout seul avec ses quelques vingt minutes.

Ce titre, énorme donc, esquisse légèrement les grandes lignes de ce que sera la musique de Pink Floyd: Dense, aérienne, empruntant par ci par là la grandiloquence des grosses orchestrations classiques, et continuant à creuser et expérimenter les possibilités infinies du numérique. Le titre phare de l’album c’est tout ça. Les membres du groupe s’adjoignent les services du grand compositeur Ron Geesin pour lui proposer de ré-agencer le titre qu’ils avaient produit un peu plus tôt avant le début des studio sessions mais qui se sont vite sentis dépassés par l’ampleur que ça avait pris et les nombreux problèmes rencontrés pour sa finalisation. Gessin, fort de son expérience avec les grosses orchestrations prend les choses en main et peaufine ce qui sera une première (à ma connaissance) un mélange de classique grandiose et de rock Floydien pur prémium qui restera anthologique et qui aura autant de fans que de détracteurs.

Le deuxième gros morceau de l’album est  »Alan’s Psychedelic Breakfast ». Là aussi le titre a beaucoup divisé,    certains allant même à dire que … hé ben que c’est pas de la musique du tout. C’est pas faux: Le titre colle parfaitement à la chanson, il s’agit du Roadie du groupe (Alan Stiles) qui rentre dans sa cuisine et qui prépare et bouffe son petit déjeuner en monologuant tout seul (l’histoire ne dira pas par contre s’il était défoncé ou s’il a versé du Shit dans son café… pour expliquer le Psychedelic, ha!). L’idée peut paraître farfelue, et comme toutes les idées farfelues c’est à Roger Waters qu’on l’a doit, mais il faut avoir les couilles de la faire. Il y a dans cette succession de bruitages quelque chose de réellement hypnotisant qui fait dresser l’oreille à l’affût de sons familiers: un robinet qui goutte, de l’huile qui chauffe, des oeufs qui cuisent et un sachet de café qui se déchire… Bref, une belle virée dans l’intimité d’un p’tit déj sympa entrecoupé d’envolées psychédéliques de la guitare de Gilmour. Personnellement un de mes titres préférés.

Pour le reste, pas vraiment grand chose à dire:  »If » ;  »Summer of 68 » et  »Fat Old Sun » respectivement de Waters, Wright et Gilmour qui vont chercher dans les influences Folk, assez rares dans la discographie du groupe. ça s’écoute bien mais ça s’oublie aussi vite. Ma préférence va comme toujours à la composition de Gilmour, l’une des toutes premières qu’il a faites après son expérience sur Ummagumma. On notera aussi l’intro avec les sons de cloches qui présagent déjà de son futur gros succès et dernier titre des Pink Floyd à voir le jour  »High Hopes ».

Malgré le fait qu’il divise les fans, Atom Heart Mother constitue une étape importante dans la carrière de Pink Floyd ne serais-ce que dans leur façon d’aborder la musique en tant que groupe mais aussi dans l’orientation ambitieuse et progressiste de concevoir leur futurs albums, dans cette période faste que constituera pour eux l’ère 70’s.