…Famous last words… – Supertramp (1982)





Breakfast in America a été l’album de tous les succès, propulsant le groupe anglais à des hauteurs stratosphériques. Inutile de préciser que la pression et les attentes pour le follow up étaient grandes et c’est en 1982 que sort en grandes pompes le septième album studio des Supertramp : Famous last Words, emblématique entre autres pour sa couv’ suggestive qui montre un funambule avançant sur une corde sur le point d’être sectionnée par une main anonyme. Ce ne sera pas le seul trait caractéristique de l’album, puisque ce disque est aussi connu pour être le dernier sur lequel figure Roger Hodgson, membre fondateur du groupe qui s’en ira poursuivre une carrière solo au succès confidentiel. Il ne reviendra plus jamais par la suite. 

Famous last words n’est pas un grand cru dans la discographie de Supertramp bien qu’il contienne le tube ultra connu : It’s raining again. La raison vient peut-être du fait que, d’emblée, deux visions différentes se soient confrontées au moment de l’écriture : celle de Davies – qui voulait profiter de leur nouvelle célébrité pour prendre une tournure  orientée plus vers le progressive Rock- et celle de Hodgson, qui préférait jouer la sécurité et continuer dans la veine pop du précédent album. Les deux compères firent  des compromis chacun de son côté mais le résultat final confirme que c’est Hodgson qui eut le dessus : Les 9 chansons de la tracklist sont une succession de bluettes pop, chantant l’amour, la paix et le bonheur. Chacun pourra y voir ce qu’il veut : une façon pour le groupe de se reposer lâchement sur ses  lauriers ou bien une façon d’évacuer la pression et faire le vide après une deux années harassantes. Une chose est sûre, toutes les chansons bénéficient du savoir faire indéniable des compères Davies et Hodgson, carrées, taillées au millimètre pour plaire aux masses. Dommage que l’histoire n’ait retenu que le finalement très mièvre It’s raining again, car les pépites ne manquent pas ici : de Crazy qui ouvre le bal, My kind of Lady, Put on your brown old shoes, et l’excellent C’est le bon (à noter que sur ces deux dernier titres, Ann et Nancy Wilson du groupe Heart font une apparition en backing vocals).

C’est pourtant vers la toute fin du disque que Famous Last Words montre les crocs et donne un aperçu de ce qu’il aurait pu être avec deux chansons : Waiting So Long et Dont Leave me Now (créditées respectivement à Davies et Hodgson). D’environ 6 minutes et demi chacune, elles tranchent radicalement avec le ton léger du reste des titres et instaurent un climat plus lourd. Dont Leave me now avec ses assauts de piano, son saxo plaintif, les chœurs aériens de Claire Diament et ses coups de batterie qui s’évanouissent dans un écho distant, imprime une étrange gravité rendue plus profonde encore par le départ définitif de son créateur quelque temps après la sortie de l’album. Tous les membres de Supertramp soutiennent que le départ de Hodgson n’avait rien de prémédité, mais à l’écoute de cette dernière chanson en particulier et si l’on considère le titre évocateur de l’album et sa superbe couverture, il est très difficile de le croire. 

… Famous Last Words… n’est peut être pas le grand follow up de Breakfast in America que tout le monde attendait, il n’en demeure pas un très bon disque d’un groupe très souvent sous-estimé. A réévaluer d’urgence.