Pink Floyd – Meddle (1971)

Pour commencer, j’aimerai signaler à tout venant que le groupe perpétue la tradition de la pochette pourrie (même à l’époque) qui est encore une fois signée par Hipgnosis. Tradition qui continuera encore une dernière fois avec la gerbante affiche de  »Obscured By clouds ». Merci Hypgnosis.

Le précédent disque des Pink était en fait un gros morceaux poussé dans ses retranchements et dilaté au maximum sur un Side complet, suivi d’une face B plus conventionnelle même si elle recelait tout de même une autre pépite de 13 minutes en clôture de galette. C’est un peu d’ailleurs ce qui a causé la raillerie d’une grande frange de la fan base du groupe. Le procédé sur ce sixième album est pourtant le même quoique inversé: la pièce de résistance est, cette fois, gardée pour la fin (faim?).

L’ouverture du disque commence par les lignes de basses les plus connues et les plus planantes de la discographie du groupe, voir même de l’histoire du Rock (ouais, carrément, t’as un problème?). Gilmour et Waters effectuent une virée à deux dans un duo Guitare-Basse aérien, avant une explosion de batterie et un déchaînement jouissif et simpliste avec une promesse à l’auditeur: « One of these days, I’m going to Cut you in Pieces! ». Et puis, tout comme dans le précédent album, cette mise en place monumentale se pète la gueule (et nous avec) sur une face A totalement soporifique, dont les compositions des membres sont au mieux gentillettes, au pire totalement anecdotiques.

A l’époque de « Meddle », le groupe se cherche encore. On est encore un peu loin du Pink Floyd qu’on connait et les membres, chacun de leur côté essaye au mieux de composer ce qui lui chante. Le reste de cette face A en témoigne. Timides, parfois attachantes mais souvent creuses, ces chansons ne rendent pas service du tout à l’homogénéité du disque. Un princip
e qui sera un élément clé du restant de la discographie des Floyd et qui les propulsera enfin au panthéon du Rock, mais on n’en est pas encore là. Un point intéressant à noter est l’assurance que prend de plus en plus David Gilmour, moins effacé que d’habitude, il s’affirme de plus en plus tant par sa musique (sa guitare minimaliste commence à être immédiatement reconnaissable) que par le chant (sa voix gagne en texture et en nuances), n’hésitant pas à multiplier les duos avec la forte tête Roger Waters. Pas encore conscients de la tempête à venir.

Et puis soudain, la face B. Quelques notes de guitare… un bip de sonar. Lent, répétitif hypnotique. Et c’est parti pour 23 minutes en apesanteur.  »Echoes » est là. D’un coup, nous sommes face à la quintessence du Rock Progressif, dans ce qu’il a de plus jouissif, planant et parfois flippant. Né des improvisations et expérimentations des membres (Richard Wright, par mégarde crée l’effet sonar sur lequel les autres ont brodé, mais aussi le fameux cri de mouettes), ce morceau pardonne toutes les bourdes commises sur la face précédente et justifie à lui seul la présence de cet album au rang des plus grands des 70’s. Plus encore, il offre un aperçu de toute la grandeur à venir du groupe, de toute la démesure de leur talent et la force de leur cohésion. Avec  »Echoes », le groupe a fini sa longue période de recherches et d’expérimentation, il s’est enfin trouvé.

Malgré son côté décousu, deux titres au moins justifient à elles seules la réputation de cet album. Mais ce n’est pas tout, Meddle constitue probablement l’un des tout derniers moments de cohésion totale du groupe avant de partir vers d’autres sommités et forcément de se brûler les ailes. Mais ça, c’est une autre histoire.