Pour la petite histoire, Ummagumma était un terme d’un pote de fac du groupe qui signifiait grosso modo faire l’amour. Quel rapport avec l’album me demanderez-vous? eh ben… aucun, je dis ça juste à titre informatif (et si ça se trouve, le nom vous plaira tellement que vous vous mettrez à l’utilisez vous-même et ensemble, nous aurons contribué à sa résurrection, c’est-y pas beau ça?!)
Sinon pour l’album, il s’agit là d’un double disque, le premier du groupe 10 ans avant le succès massif de »The Wall ». Le premier disque est un album Live, contenant 4 morceaux des albums précédents joués dans des facs diverses. Quant au deuxième disque il s’agit d’un album studio à proprement parlé.
Personnellement je trouve cet album pompeux et sans grand intérêt et je pense qu’il marque le début d’une fâcheuse tendance du groupe à l’auto complaisance. Pièce à conviction numéro 1, monsieur le juge, je demande le premier disque, que nous appellerons communément le »Live ». Au vu de la courte discographie de Pink Floyd à l’époque, je ne vois pas trop la raison de sortir un live, surtout qu’il est joué dans différentes facultés ou ils avaient l’habitude de se produire. La qualité audio n’est pas très très bonne, les titres joués sont bien, sans plus et je n’ai pas remarqué de différences majeures entre les versions studio et live (les puristes me diront que j’ai sans doute de la merde dans les oreilles, c’est peut être vrai allez savoir). Le vrai plus qu’apporte cette première partie est l’inédit »Careful With That Axe, Eugene » qui n’avait pas encore été enregistré en studio, véritable petite pépite psychédélique qui fout la trouille avec son titre évocateur , son crescendo à l’orgue et le cri déchirant de Roger Waters à la fin. Une version studio sera prévue pour une compilations d’inédits et servira aussi à la BO de Zabriesky Point, le film de Michelangelo Antonioni.
La deuxième partie, elle, est plus confondante: elle est née de l’idée (qui a dit conne?) de Richard Wright de vouloir faire, chacun de son côté une chanson par soi-même, sans l’apport des autres membres, un peu comme un mini album solo dans un album de groupe. Le disque comportera ainsi 5 (longs) titres, chacune écrite et jouée par un membre (excepté pour Roger Waters qui en jouera 2… Faut toujours qu’il fasse son intéressant celui-là). Et à tout seigneur tout honneur, c’est Wright qui ouvre le bal avec »Sysiphus » ballade en 4 partie, qui se base sur le mythe de Sisyphe, obligé de rouler une pierre à l’infini. Sa contribution est aussi pénible que le sort de son héros: longue, chiante, qui ne va nulle part et qui se morfond dans sa complaisance à n’en point finir. D’accord c’est du progressif, mais ça ne mène à rien et c’est très pénible à écouter.
Les autres compères aussi ne s’en sortent pas mieux, Nick Mason fait lui aussi à peu près la même chose, en moins percutant avec son »The Grand Vizier’s Garden Party » en 3 parties et qui ne vaut que pour son délire à la batterie entre deux échappées la flûte (jouées par sa femme). Roger Waters à au moins le mérite de verser dans l’étrange avec sa deuxième contribution au nom évocateur de « Several Species Of Small Furry Animals Gathered Together In A Cave And Grooving With A Pict » avec son cortège de bruits bizarres de petits rongeurs en folie. C’est tout con, mais ça fait au moins sourire.
La vraie trouvaille vient (encore) de chez David Gilmour qui peaufine une ballade en 3 temps »The Narrow Way » dans laquelle il fait preuve de tout son talent à la guitare acoustique, mais aussi de sa propre sensibilité: sa composition est à son image, délicate, inspirée et aérienne, tout le contraire de ses acolytes.
D’ailleurs il n’est pas étonnant que ce soient les membres du groupe eux même qui n’hésitent pas à parler de Ummagumma en termes très peu élogieux, surtout avec le recul. Roger Waters et David Gilmour expliqueront eux même qu’ils avaient fait du n’importe quoi dans leurs compositions respectives, juste pour que ce soit rajouté au disque et ne pas perdre la face. Bah ça se voit un peu les gars. Il n’en demeure pas moins que ce 4eme album est une pièce nécessaire dans le paysage 60’s de la musique des Pink Floyd et qui traduit bien leur musique à cette époque là. Il entameront pas la suite leur décennie la plus faste durant les 70’s, décennie qui connaitra leurs plus grands succès.