Marilyn Manson – Born Villain (2012)

Vous vous souvenez dans les films d’horreur, quand le grand méchant psychopathe est à terre avec dix balles dans le corps, gisant immobile et pissant le sang et que tout le monde pense qu’il a eu son compte et qu’il ne se relèvera plus? et que finalement il fait un dernier bond pour faire sursauter le public (en attendant de revenir dans le 2, 3 et le 4…) ? Et bien Marilyn Manson sont comme ça, quand tu crois qu’ils ont eu leur compte et qu’ils reviendront plus les voilà-t-y pas avec un nouvel opus tout chaud dans les bacs. Eh ouais. 

Après avoir traversé une décennie 2000 qui n’a pas vraiment été tendre avec eux, avec des albums pas  folichons depuis Holy Wood (2000) et un faux pas presque fatal avec  Eat me, Drink me (2007), que reste-t-il à dire pour les spooky kids, presque devenus leur propre caricature et faisant face à un désintérêt quasi généralisé de la part des fans les plus hardcore? Brian  Warner, le Marilyn Manson dans le Marilyn Manson n’est-t-il pas devenu Has Been, oui ou non? Et surtout, l’humanité avait elle besoin d’un nouvel album du groupe? C’est à toutes ces questions que Born Villain se propose de NE PAS répondre. 
Franchement, il est clair que Manson se soucie de ce que nous pensons autant que d’un pet de lapin. Il ne faut surtout pas chercher dans ce dernier album les signes de changements dans l’état d’esprit du groupe ou de son Frontman. Déjà le titre lui même n’est pas vraiment un modèle d’originalité. La lecture de la Track List non plus ne dissipera pas le scepticisme: Hey, Cruel World….Overneath the path Of Misery….The Flowers of Evil… du Manson tout craché quoi. Et le premier Single  »No Reflection » ne rassure pas à proprement parler (s’il n’a pas tué dans l’oeuf toute envie d’écouter l’album) Mais ça a été loin de me refroidir, il est vrai. La curiosité a tué le chat comme chacun sait (surtout si vous êtes une souris). 
Le vrai changement dans ce dernier disque ne s’opère pas au niveau du contenu mais bien au niveau du son. Avec  »Born Villain » ce n’est plus Marilyn Manson qui est derrière le micro mais son alter Ego Omega ressuscité depuis Mechanical Animals. Le groupe revient vers des sonorités plus electro, dans la droite lignée du Glam Rock de Machanical, cette fois en y injectant une bonne dose de Heavy bien vue… le retour de Twiggy Ramirez, un des piliers de la formation y est peut être pour quelque chose, allez savoir. Toujours est-il que durant l’écoute de ce disque, pile au moment ou je commençais à perdre patience, quelque chose qui tient du tour de passe-passe s’opère imperceptiblement et je me retrouve à suivre le rythme avec un mouvement de tête continu. Passé les 3 premiers titres, Manson arrive à créer le parfait équilibre entre l’indus et le metal, le Glam avec juste ce qu’il faut de riffs Funky façon I dont like the Drugs pour livrer sa meilleure prestation depuis 10 ans (vous direz c’est pas difficile au vu des essais précédents). ça change. 
Sans signer pour autant un retour à la hauteur de la sainte trinité (Antechrist superstar, Mechanical Animals, Holy Wood) Born Villain, surprend agréablement de la part d’un groupe que l’on n’attendait pas forcément et qui n’en finira probablement jamais de faire couler de l’encre.  

Soulfly – Enslaved (2012)

C’est moi qui me fait vieux ou alors le huitième Album de Soulfly est un peu too much pour mes oreilles. J’opte plutôt pour la première hypothèse, Max Cavallera n’étant pas trop connu pour faire de la zic pour gonzesses. Mais quand même, il est indéniable que son dernière opus est survitaminé et habité par une hargne brute. C’est normal, le thème de l’album (dont le titre ne fait pas de mystère) est l’esclavage et comme vous le savez l’esclavage, eh ben c’est pas cool quoi… D’ou le coup de gueule de 53 minutes de l’ami Max.

 Si on reconnait bien le son de Soulfly dès les premières notes du disque, j’ai tout de même été un peu rebuté par la force de frappe de celui-ci. Je n’ai pas vraiment retrouvé les saveurs de Groove Metal si chers au groupe et je pense même que Enslaved flirte trop avec le Death à mon gout. Attention je ne dis pas que l’album est décevant, mais les compositions tout au long des 53 minutes fonctionnent comme un rouleau compresseur qui écrase tout sur son chemin et de ce fait crée un certaine linéarité qui peut se révéler ennuyeuse à la longue. Mis à part certains titres comme le phénoménal Gladiator ou Treachery, il n’y en pas vraiment qui ressortent du lot et c’est un peu dommage. La production elle est toujours au top (c’est normal, les gars sont chez le Label Road Runner) et le tout s’écoute non sans un certain pied, c’est juste que ça ne m’a pas donné envie d’une prochaine réécoute, mais ça n’engage que moi évidemment. Trop vieux je suis, merde…. 

Geographer – Myth (2012)

Geographer est un trio issu de Bay Area, San Francisco qui sort ici son deuxième  »vrai » album depuis le succès critique de  »Innocent Ghosts » en 2009.  
J’ai découvert le groupe par hasard, cet album étant précédé par beaucoup d’éloges et une critique quasi unanime sur la qualité des compositions du trio. Et même si je n’ai pas été si emballé que ça par leur dernier disque, il n’en demeure pas moins qu’il sort du lot par un son plutôt original par rapport à ce qui se fait ces temps-ci.

Le problème est que Geographer est classé Indie Rock, ce qui de plus en plus sert de foutoir pour y labelliser tout et n’importe quoi. Le fait est que Geographer fait sur cet album de l’excellente Pop tout simplement. J’ai d’ailleurs longtemps cru que le groupe était britannique plutôt que ricain, tellement certains titres sonnaient si brit et la production si lisse. Une chanson en particulier,  »Lover’s Game » rappelle tous les clichés de la pop guimauve: du titre crétin aux mélodies mielleuses en passant par les paroles con-con cu-cu, bref un titre digne d’un album de Keane plutôt. Une vraie tâche sur un si bon album, surtout que Geographer se démarque fortement par un penchant électro très prononcé qui donne plus de peps à des titres qui auraient sonné nunuche autrement. Il faut écouter Kaleidoscpe, Blinders, Shell Beach ou Vesijärvi pour se faire une idée précise sur la palette créative et le potentiel évident du trio: un talent certain pour la mélodie qui tue, une imagination débordante et un lead singer dont la voie distille tout ce qu’il faut en émotion. Myth signera certainement leur ascension en tant qu’acteur confirmé sur la scène pop rock (ou ce que vous voulez) avec lequel il faudra désormais compter. J’espère seulement que le groupe continuera de creuser le sillon qu’il à emprunté sur ce dernier disque car ça leur réussit visiblement très bien, surtout qu’ils ont tous les atouts en main.  Go Geographer, Go! 

Sepultura – Kairos (2011)

Il est très difficile pour moi d’aborder un album de Sepultura depuis le départ de Max Cavallera, son membre clé (ouais, clé, je le dis et je t’emmerde) en 1996. Quelques albums plus tard et une critique tiède me confortèrent dans mon avis (et je sais que je ne suis pas le seul à le penser). Remarquez ça ne doit pas être facile-facile pour eux tous les jours d’entendre à chaque fois  »ouais, mais c’était mieux avec Cavallera… »

Alors bon, plutôt que de me faire chier à me lancer en comparaisons avec une époque révolue, je me suis tout de même laissé tenter par l’écoute de ce Kairos sans trop d’attente, juste l’espoir de passer une agréable moment et pourquoi pas retrouver un peu de ce qui m’avait fait aimer le groupe des années plus tôt.  
Le résultat est très surprenant: il est évident que les gars sont de retour aux affaires, cette fois-ci en ne s’éparpillant pas dans des concept albums autour de Dante ou d’Orange Mécanique mais en consolidant leurs acquis et en se focalisant sur ce qu’ils savent faire le mieux: du trash bien sonné et guttural dans les règles de l’art. Dans ce registre là, y’a pas à tortiller du cul, c’est du bon sur toute la ligne, même si je n’ai jamais vraiment blairé les prouesses vocales de Derrick Green j’avoue quand même qu’il fait impeccablement sa part du job. Les autres ne sont pas en reste: la batterie est hargneuse et les solis sont sales et tortueux à souhait. La tendance de l’album étant plutôt vers le mid-tempo, on a plus le loisir de sentir des partitions lourdes et puissantes qui tapent direct dans l’estomac, mais ça n’empêche pas de trouver certaines compos à vitesse foudroyante à l’instar d’un No One Will Stand qui dit tout dans le titre et dont le jeu habité d’Andreas Kisser cloue littéralement au sol. Deux cerises sur le gâteau sont prévues (bande de veinards!): Deux reprises Juste One Fix (Ministry) et Firestarter (Prodigy, uniquement sur la version DeLuxe) que le groupe s’approprie en respectant le même esprit et qui sont tout bonnement réjouissants. Et pour terminer, la composition la plus originale en clôture de ce Kairos déjà bien garni: Structure Violence en collaboration avec les français Les Tambours du Bronx, un instru qui rappelle la belle époque de Sepultura avec ses percussions tribales jouasses et foutrement prenantes. 
Y’a pas à dire, moi qui n’en demandait pas tant, je suis comblé. Kairos est indéniablement un moment fort de la discographie de Sepultura.