Queen – News Of the World (1977)

News of th World est le 6ème album des Queen et le deuxième à être produit par le groupe lui même, après son prédécesseur, l’ennuyeux  »A Day At the Races ». Il est surtout connu pour contenir deux des chansons les plus emblématiques et les plus connues du quatuor anglais:  »We Will Rock You » et  »We Are The Champions », placés en introduction du disque et joués coup sur coup. Des morceaux qui entrèrent dans le panthéon des hymnes de légende que plus personne ne présente, en tout cas pour tous ceux qui ont foulé un stade un jour (ou qui se rappellent encore de la pub pour les Sportwear Champions USA… elle existe encore cette marque?). 

Ce ne sont pourtant pas les seuls atouts de cet album, qui par ailleurs en regorge: Délaissant un temps leur flamboyance coutumière, les Queen optent pour plus de  »classicisme » tout en tentant d’aller dans différentes autres directions. En ce sens, News Of The World est tout ce qu’aurait du être A Day At the Races: Coloré, Aventureux, Fun, pas chiant pour deux sous et qui surtout ne se la pète pas. Il est évident ici que les membres du groupe sont débarrassés de l’énorme pression qui leur pesait sur les épaules après le succès phénoménal de  »A Night At The Opera » et qu’ils sont aussi plus à l’aise à leur poste de producteurs. 
Il y a une vraie tonicité et de Pep’s communicatifs dans cet album, peut être aussi l’impression que c’est la première fois que le groupe s’éclate vraiment dans ce qu’il fait (à écouter  »Who Needs You » de John Dacon avec ses maracas et tam tams ou le  »Get Down Make Love » premier titre Funk (Gay?) du groupe), mais ils n’en oublient pas pour autant leur Business et bouclent un lot impressionnant de tubes Rock taillés pour les stades comme on les aime (Spread Your Wings, It’s late…), et en profitent aussi pour foutre une baffe à la génération Punk Montante avec  »Sheer Heart Attack » qu’ils avaient déjà écrit en 74, histoire de bien montrer à ses branleurs qui les taxent de  »dépassés » qu’il n’est pas aisé d’emmerder la Reine. Le clou est atteint, à mon avis, par le superbe  »Fight From The Inside » goupillé par Roger Taylor, de retour en grande pompes pour un titre qui déménage avec un riff d’enfer à la clé. Autant de choses qui font du sixième album studio des Queen est donc un super bon cru dont même certaines fautes de goûts (All Dead, All Dead.. tu veux plomber l’ambiance ou quoi Brian May?) n’arrivent pas à gâcher. Un régal. 

Queen – A Day At The Races (1976)

Finalement, dans le monde du Rock, le plus difficile n’est pas de créer l’album du siècle, celui de tous les succès, critiques et commerciaux, demandez à Pink Floyd, Radiohead, ou les Smashing Pumpkins. Non, le plus dur c’est d’y survivre.

Après l’immense succès de  »A Night At the Opera », les Queen se trouvent sous pression avec l’obligation de se surpasser pour le prochain disque. D’expérience, nous savons qu’il n’y a que deux chois possibles dans ce cas particulier: Faire pareil, mais en mieux (Wish you Were Here, après Dark Side of The Moon) , ou alors faire complètement différent (Adore, après Mellon Collie and The Infinite Sadness ou encore Kid A, après Ok Computer). La pochette du disque, elle, ne fait pas de mystère sur la voir adoptée par La Reine puisqu’il reprend le même esprit et la même référence que son prédécesseur (titre de film des Marx Brothers).
Beaucoup trouvent que A Day At The Races est le jumeau de A Night At The Opera. Personnellement je ne pense pas que ce soit exactement ça, ils sont plutôt deux faces d’une même pièce: Si A night at the Opera peut s’apparenter à un Samedi soir d’enfer, dansant et bien arrosé, ce Day At the Races est, lui, le Dimanche matin qui suit avec des restes de gueule de bois et un réveil tout en douceur: pas ou peu de titres rock malgré le  »Tie You Mother Down » qui promet beaucoup en ouverture mais qui n’est malheureusement pas suivi par d’autres. En revanche, beaucoup de ballades au piano, de Mercury et Deacon, pas trop mal, pas trop bandantes non plus. Pour la petite histoire, c’est le premier album de la reine à être auto produit  exit donc le génialissime Roy Baker, c’est le groupe lui même qui prend les rennes, soucieux d’assurer un produit de qualité digne successeur de leurs autres disques. Cette attention est visible partout sur le disque de par une production léchée et des mélodies recherchées et calculées au millimètre mais qui malheureusement manquent cruellement de ce grain de folie dont nous avait habitué le quatuor.

Tout n’est pourtant pas à jeter dans  »A Day At The Races » puisqu’il comporte le mégahit de Mercury :  »Somebody to Love », adulé par les fans et joué presque systématiquement en Live, excellent mélange de Gospel et de Rock, sublimé par la voix de Mercury qui en font l’un des meilleurs titres qu’il ait composé. Ce morceau signe un petit regain de peps dans le tracklist puisque suivi de  »White Man » de Brian May qui déménagé et Good Old Fashioned Lover-boy, une chanson sympatoche dans la veine Ragtime de Mercury. Ensuite, l’album sombre de nouveau vers -oserais-je le dire- le n’importe quoi: Le clou étant un Teo Torriate mou du genou chanté en partie en japonais pour faire un clin d’oeil aux fans du le pays du soleil levant.

A Day At the Races est malgré ses qualités techniques indéniables, une grosse déception de la part des Queen que l’on ne pardonnera que parce qu’il fait suite au succès monstrueux de son prédécesseur, difficilement inégalable. Pompeux, dispensieur, répétitif, il peine terriblement à convaincre même si quelques unes des chansons valent tout de même le détour. Pour ma part, pas le meilleur Queen et de loin.  

Queen – A Night At The Opera (1975)

A la question :  »Quel est votre album préféré des Queen ? » A Night At The Opera, leur 4ème album, arrive très souvent largement en tête. Mais même mis à part les fans, il reste encore aujourd’hui, 37 ans après, un bijou du Rock et une oeuvre phare des années 70’s, d’ailleurs l’album le plus cher à être produit à l’époque. 

Le titre de l’album fait référence au film des Marx Brothers, dont le groupe était fan et donne un peu le ton du disque. Pas vraiment une grosse surprise pourtant, les Queen ont toujours fait plus ou moins de l’Opéra à travers leurs précédents albums, notamment le grandiose Queen II. Pourtant à l’écoute de l’album, on sent  que l’esprit du disque en général reste loin des débuts Glam et flamboyants de la reine mais continue un peu de creuser le sillon du précédent Sheer Heart Attack.  Pour s’en assurer, l’album commence par une claque  Rock dégoulinante de fiel, Death on Two Legs, lettre « d’amour » de la part de Freddy Mercury à son manager d’antan Norman Sheffield qu’il accuse en gros de la leur avoir faite à l’envers à leurs débuts. Les paroles sont sidérantes de haine et la mise en scène de Mercury en rajoute tellement que la personne visée en question a du déposer plainte pour retirer le titre. Les autres membres eux aussi on été assez rebutés par cet acharnement de la part de Freddy, mais ont consenti à la laisser telle qu’elle par respect à son auteur. 
Du rock il n’en manque pas sur cet album puisqu’on se retrouve devant 2 autres superbes morceaux qui déménagent grâce à la recette maintenant hyper bien rodée du duo Voix de Mercury/Gratte de May qui donnent de purs moments de planage comme  »Sweet Lady »,  »Prophet’s song » qui renoue avec la veine plus Glam de Queen 2, sans oublier 39 », et  »Good Company, deux ballades folk signées Brian May, un peu en deçà de ses habituelles compositions sur ce coup-ci. Paradoxalement, je trouve que May est beaucoup plus efficace dans l’arrangement des compositions des autres que dans ses propres chansons; son apport sur cet album en particulier est spécialement moyen-moyen à mon sens. 
La surprise c’est encore une fois Roger Taylor qui la crée avec son unique composition  »I’m in Love with My car », un titre macho à souhait qui reprend les thèmes favoris du batteur (Liberté, Jeunesse et Rébellion) qui devint vite l’un des plus gros succès du groupe à ne pas être écrites par Mercury ou May. Pour l’anecdote, au vu de la  »bêtise » des paroles, May et Mercury ont vraiment cru que leur batteur déconnait lorsqu’il leur a fait écouter le morceau et a demandé à ce qu’il soit incorporé à l’album. Il a même poussé sa chance jusqu’a ce que ce soit le B-side du premier single issu de l’album, coup de génie qui lui a valu un beau paquet en Royalties.  

Et puis, preuve que c’est l’album de toutes les collaborations, le discret John Deakins sort enfin de son mutisme et saute le pas en composant une très sympathique ballade  »You’re My best Friend » au piano, dédiée à sa propre femme et qui, malgré des paroles bateau et un peu gnangan, bénéficie d’une excellente partition de piano et se trouve sublimée par la voix de Mercury. Un des plus beaux moments de l’album, j’avoue.

Mercury évidemment se tape la part du lion ici, ce projet après tout, il le traîne depuis un certain temps et on sent bien ici qu’il s’en donne à coeur joie. Deux titres de sa composition  »Lazing on  Sunday Morning » et  »Seaside Rendez-vous » sont deux ovnis qui reprennent la désinvolture et la simplicité des Vaudevilles et du Music Hall et deux choix assez surprenants dans ce tracklist, mais qui ajoutent un côté fun à l’album. La performance vocale de Mercury sur Lazing… est tout bonnement jouissive. Et signalons aussi  »Love of My Life » l’une des chansons les plus connues et les plus aimées des fans, qu’il joue presque systématiquement dans tous ses lives. Un  ballade au piano comme il les affectionne.

Et puis bien sûr, on ne peut pas parler de  »A Night At The Opera » sans évoquer la pièce de résistance  »Bohemian Rhapsody »: le titre qui justifie à lui seul le titre de l’album et l’achat de celui-ci , les yeux fermés; une chanson qui rentra immédiatement dans la légende, fit voler en éclats tous les records et réussit le tour de force de mettre d’accord les critiques et le public en devenant l’un des plus gros succès de tous les temps, bien classée encore aujourd’hui dans les divers sondages. Cette chanson constitue une belle preuve du perfectionnisme aigu du groupe, et de son frontman en particulier, décidés à offrir des compositions de très haute qualité à l’usage des masses comme c’est le cas ici: progressif et complexe, Bohemian Rhapsody a repoussé les limites de la technologie de l’époque et demeure jusqu’à ce jour, une pure merveille mêlant la mélodie, le hard Rock, l’opéra avec en prime des paroles fatalistes et énigmatiques dont le groupe tait le secret jusqu’a présent.

Au final, A night at the opera demeure une pierre angulaire dans la discographie des Queen que les fans ou autres doivent obligatoirement découvrir pour saisir amplement toute l’étendue de leur talent. 

Queen – Queen II (1974)

Comme son nom l’indique Queen II est la suite (logique, j’ai envie de dire) du premier Album des Queen. En ce sens, il contient tout ce qui a fait le succès du premier en allant encore plus loin dans l’expérimentation et dans la création d’un univers musical propre, singulier et reconnaissable entre mille. 

Avec Queen II, le groupe commence à mettre un pied dans la légende. Encore aujourd’hui, il est considéré comme l’un des meilleurs du groupe, mais aussi parmi les albums rock de tous les temps. Axel Rose et Steve Vai soutiennent que c’est leur album de chevet et Billy Corgan le cite volontiers comme l’un de ceux qui l’ont profondément influencé dans sa carrière, c’est dire! Pourtant ça n’était pas gagné parce qu’à la sortie du disque, les critiques furent très peu enthousiasmés, voir même carrément froids. La raison à cela est simple je trouve, car contrairement à son prédécesseur, cet opus-là n’est pas aussi immédiat. Il fonctionne plus sur la longueur, il s’insinue lentement mais surement pour faire tout son effet, à l’image d’une drogue psychotrope. 

La particularité de cet album (à mon sens) c’est qu’il est totalement schizophrène symbolisant l’influence des deux grands talents dans le groupe; Freddy Mercury et Brian May. Dans une optique purement  »Vynilistique », le disque se répartit en deux faces, une appelée  »White  Side » écrite presque exclusivement par  May et une appelée  »Black Side » écrite en totalité par Mercury, le concept étant de mélanger deux faces d’un même univers et montrer ainsi toutes les potentialités de  »la Reine ». Si vous me posez la question, je vous répondrai que je n’a pas vu de pertinence particulière dans ce choix, ni un impact particulier sur l’écoute, au plus une compartimentation pas vraiment nécessaire mais qui dénote surtout de la grande ambition du groupe et de son Frontman. Sinon ce qui frappe le plus c’est la cohérence qui habite ce disque et l’immense versatilité qui s’en dégage: Queen II brasse large, très large; du Rock, du Glam, du Folk, du Heavy Metal et même du Trash (Ah, Ogre Battle!) . Un concentré de talent! 
Le White side (qui soit dit en passant commence par une marche funèbre  »Procession », superbe) pourrait être assimilée à un album solo de Brian May, tellement il s’y donne à coeur joie dans des morceaux Rock dont il a le secret. On réduit trop souvent les Queen à Freddy Mercury, mais on oublie vite le rôle pilier de Brian May et son apport au groupe. On oublie qu’il est aussi un guitariste hors pair et qu’il a le chic pour boucler des morceaux rock bien heavy avec un sens inouï de la mélodie et du rythme. Le morceau phare de cette première face est sans conteste  »Father to Son », une hymne clairement pensée pour être jouée dans les grands stades face aux foules et dont les riffs supersoniques n’ont rien à envier aux morceaux des Who. Il pousse aussi la chansonnette dans son  »Someday, One Day » une ballade folk dans le pur esprit des 70’s. Et en parlant de membres sous-estimés, cette face blanche est close par une composition du batteur Roger Taylor  »The Loser in the End », titre qui préfigure toutes ses compositions à venir dans tout ce qu’elles ont de plus basique, solide et prenant.

Le Dark Side, lui… Et bien, c’est du Freddy Mercury les gars, qu’est ce que vous voulez que je vous dise. Comme à son habitude, il démontre toute l’étendue de son talent mais aussi de son ambition toujours plus poussée en créant sur cette face un mini-opéra baroque fait de bruit et de fureur, ou les riffs de guitare rageurs côtoient ses notes de piano mélodieuses sur lesquelles surnagent les harmonies à plusieurs couches de voix -désormais marque de fabrique du groupe pour l’éternité. Deux pièces maîtresses jalonnent cette partie, Ogre Battle, dont l’intro fracassante ouvre le bal par une batterie brutale et de power chords rapides sur fond de la chanson en rewind préfigurant ni plus ni moins que le Speed Metal. Le deuxième, véritable pièce de résistance, est  »March of the Black Queen » (je sais pas s’ils font exprès d’abuser du mot  »Queen » dans leurs titres) qui annonce déjà l’arrivée prochaine de  »Bohemian Rhapsody » avec ses sections diverses, ses mesures à deux temps simultanés et sa polyrythmie. Preuve s’il en faut de l’exigence sans égal du groupe. Comme à l’accoutumée, les principales inspirations de Mercury sont à chercher du côté de l’art (la peinture de Richard Dadd) et de la Fantsay (notamment du monde imaginaire de Rhye, thème récurrent chez Queen).

Queen II fait résolument partie des plus beaux disques de Queen qu’il faut à tout prix redécouvrir pour mieux se faire une idée sur l’étendue de leur talent. Un régal.