Queen – Jazz (1978)

Le septième album des Queen est un disque à part parce que c’est celui qui vient clôturer avec brio l’ère 70’s du groupe, période faste et grandiose que d’aucuns n’hésiteront pas à qualifier de  »Meilleure ». Durant cette période et avec seulement 7 galettes à leur actif, le quatuor peut déjà se permettre d’exhiber un palmarès impressionnant et une réputation qui n’est plus à faire. Queen abordera deux ans plus tard le virage Eightees avec une toute autre tournure (et avec un tout autre succès) plus mature, plus assagie (et plus Radio-Friendly).

Ce Jazz est donc festif avant tout. C’est l’album d’un groupe qui est bien dans sa peau, en pleine possession de ses moyens et en totale confiance, qui pour une fois décide de prendre le temps de s’amuser l’espace d’un album. Car c’est avant tout de ça qu’il s’agit, de Fun. sinon comment expliquer ce délire total en ouverture avec le ridiculement bon  »Mustapha » porté par une voix de muezzin de Freddy Mercury, et ses  paroles en compote Arabe/Anglais/Parsi qui ne veulent absolument rien dire (Mustapha Ibrahiiiiiiiim, alah allah allah allaaah, we’ll pray for you!)? Et les deux immenses singles Bicycle Race/ Fat bottomed Girls avec leur paroles rétrogrades, désarmantes de crétinerie et leur poster Sexy de femmes rondes Topless sur des Vélos? C’est simple, les gars s’amusent et du coup nous aussi. De bout, en bout l’album dégage une bouffée de fraîcheur  de pêche et d’humour absolument irrésistibles, ce qui paradoxalement continue de renforcer sa réputation de disque  »Mineur » de la discographie de Queen. (Pourquoi? Hot Space, c’était un chef d’oeuvre peut être?).

Pourtant, Jazz n’est pas que ça. Même s’ils prennent du bon temps, les Queen n’en oublient pas l’essentiel et délivrent ce qu’ils savent faire le mieux, en mieux (A l’occasion, leur ancien producteur de génie Roy Thomas Baker rejoint le groupe pour son tout dernier round). Sur les 13 tires de cet album, toutes ne sont certainement pas excellentes, certaines même fleurent bon le remplissage et plombent l’ambiance (Jealousy, Mustapha, Dreamer’s Ball…) mais pour ce qui est de tout le reste, c’est un pur festival de Rock avec quelques incursions dans le Funk (Fun it, de Roger Taylor annonçait déjà la couleur de The Game deux ans plus tard, plus orienté Drum&Bass). Le mérite revient indéniablement ici, non pas à Mercury (qui est toujours aussi impeccable dans ses performances vocales) mais bien à Brian May, formidable de générosité sur tout l’album, que ce soit dans ses propres compositions dont les immenses Fat Bottomed Girls en Drop D (une première) et Dead On Time; ou dans celle des autres. Un grand retour en force dans ce qu’il avait de plus organique et orgasmique dans ses performances de la belle époque (déjà). Indéniablement, cet album est le sien tant il y insuffle de l’énergie et de savoir faire et rappelle quel grand guitariste il est.

Malgré tout ces atouts, l’album déclencha une avalanche de critiques négatives, voir même hostile, certains comme Dave March (de l’illustre magazine Rolling Stone) avanceront même que Queen Peut être considéré comme le premier vrai groupe Fasciste de l’histoire du rock. Une déclaration crétine et irréfléchie tant les intentions de l’album sont limpides. Fuck You Dave March, tu n’as jamais pu les blairer de toute façon, les Queen. Par ailleurs, il est vraiment malheureux de voir que certains des titres de l’album n’aient pas eu droit à la carrière d’or qui leur était promise, la faute à pas de chance; et Jazz -probablement parce qu’il est coincé entre deux immenses albums du groupe- reste relativement méconnu,voir même largement sous-estimé. Une injustice qu’il vous faut réparer au plus tôt. 

Laisser un commentaire